La célébration à Paris du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 qui a mis fin à la guerre de 1914-1918 s’est accompagnée d’un grand nombre de parades de toutes sortes. Notre actuel président de la République avait invité à cette occasion une multitude d’hommes d’État, de représentants d’organisations multinationales, de personnalités de tous bords. Les journalistes de notre pays, pour une fois, n’étaient pas à la recherche de sang qui coule ; celui qui avait été déversé pendant la Première Guerre mondiale suffisait amplement à leur appétit.

Que l’on ne s’y trompe pas : tout ce concert de louanges, toute cette agitation de drapeaux, toute cette grandiose emphase n’avaient qu’un but : enterrer une fois pour toutes le souvenir d’un conflit historique entre plusieurs nations, insérer dans l’âme des citoyens le mépris des nations, préparer le monde à l’internationalisation, à la mondialisation, à la reconnaissance du génie d’une élite ambitionnant de faire de la planète un paradis parsemé de grandes banques, de palais financiers, de douceurs économiques de toutes sortes. Ces malheureux soldats français et allemands qui se sont cruellement entretués entre 1914 et 1918 appartenaient à un monde désuet plein de toutes ces bêtises qui ont noms amour de la patrie, honneur national, souvenirs ancestraux, respect du passé.

Le spectacle a été beau, magnifique ; c’était presque de l’art, qui, comme on sait, n’a pas de frontières. Que l’on ne s’y trompe pas : les guerres économiques que nous préparent les gouvernants qui veulent abolir l’histoire guerrière seront sans doute aussi atroces, sinon plus. Envoyer mourir au front des millions d’hommes n’est pas louable, certes. Ce qui nous attend est encore moins louable : des peuples entiers vont se retrouver dans le plus complet dénuement ; leur sort sera pire que les dernières tribus qui hantent encore l’Amazonie. Quand l’hypocrisie remplace le courage, il faut s’attendre à tout.