Louis XVI était très intelligent mais ce n’était malheureusement pas un homme d’action. Cloîtré dans son atelier d’horlogerie et de serrurerie, il voyait très bien ce qui se passerait un jour dans le beau royaume de France, il savait très bien que la grande bourgeoisie et l’industrie naissantes tenteraient de mettre à bas les dogmes gênants d’une monarchie vieille de mille ans. Ce qu’il ne pouvait par contre pas imaginer, c’est que ces détracteurs de la royauté utiliseraient sournoisement l’arme du peuple pour parvenir à leur dessein, ce bon peuple qui bouillait de colère dans son coin devant l’attitude dévoyée d’une partie de la noblesse.

Louis XVI avait bien essayé d’expliquer aux grands du royaume la nécessité d’effectuer quelques grandes réformes pour permettre à ces nouveaux seigneurs de l’industrie et du commerce de nourrir leur passion. Hélas ! Rien n’y fit. Il ne fut pas entendu. Il fut même secrètement méprisé par ces aristocrates qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. On sait ce qu’il advint ou, plutôt, ce que nos livres d’histoire ont évoqué en se gardant bien d’insister sur les atrocités commises par une république naissante. On ne cesse encore aujourd’hui de rappeler l’horreur de certains génocides mais l’on se garde bien d’insister sur la nature sanguinaire de tous ces Danton, Marat et Robespierre qui ont ordonné des exactions ahurissantes.

Si l’on reste immobile suffisamment longtemps, on a toutes les chances de voir repasser le monde devant soi. C’est du moins ce qu’affirme un proverbe chinois. Il est aujourd’hui un bouleversement en préparation qui ne demande qu’à éclater : nos vieilles républiques gorgées de corruption, de déshonneur et d’inefficacité sont aux prises avec une mondialisation et une robotisation naissantes qui exigeraient de profondes réformes pour éviter que les peuples ne soient amenés à faire encore les frais d’une révolution dévastatrice et probablement sanguinaire. Il est aujourd’hui des hommes tout aussi intelligents que l’était Louis XVI et qui imaginent très bien les révolutions qui sont en train de se préparer dans le monde. L’histoire est un éternel recommencement. Qui nous dit que l’on n’aura pas besoin dans quelque temps de l’avènement d’une monarchie pour mettre à bas une république trop pourrie et trop vieille ?