Elle figure dans les rêveries de Jean-Jacques Rousseau qui ne pouvait concevoir qu’une démocratie directe, seule susceptible de donner le pouvoir au peuple. Cela était évidemment de son temps une belle utopie qui, pourtant, trouva un début de réalisation, plus tard, dans les petits cantons suisses. Donner le pouvoir au peuple, c’est tout simplement se passer de représentants et permettre à tout un chacun d’exprimer son opinion sur les décisions que s’apprête à prendre le président de la République, élu, naturellement, au suffrage universel.

Aujourd’hui, la Suisse pratique partiellement un tel régime démocratique en organisant des référendums pour les lois importantes. Il est bien évident que, de nos jours, les moyens de communication, particulièrement Internet, permettraient aisément de faire voter le peuple pour qu’il se prononce sur l’approbation ou non des lois et décrets concoctés en haut lieu ; on n’aurait plus besoin de tous ces députés et sénateurs qui nous coûtent fort cher et qui passent le plus clair de leur temps à bavarder publiquement et à négocier secrètement.

Cette démocratie directe pourrait naturellement s’appliquer dans les collectivités locales. Il est d’ailleurs injuste et incompréhensible qu’un citoyen d’une ville doive aller voter pour élire un maire et qu’il ne puisse pas, ensuite, donner son avis sur les aménagements que ce dernier décide tyranniquement de donner à son quartier, lieu où se passe l’essentiel de sa vie.

Si la démocratie directe était un jour mise en pratique, il conviendrait alors, en retour, d’interdire toutes les manifestations contre la mise en œuvre des décisions prises par le plus grand nombre. Il serait illogique de permettre au peuple souverain de manifester contre les décisions qu’il a démocratiquement prises.

Tout ceci, hélas, ressemble aux rêveries de Jean-Jacques Rousseau. Nous avons aujourd’hui, enfin, les moyens de donner véritablement le pouvoir au peuple ; mais cela suppose malheureusement une autre condition qui, elle, n’est pas prête à se réaliser de sitôt : se débarrasser de toute cette engeance politique (élus, partis politiques, syndicats…) qui n’en finit pas d’éloigner le peuple de la gouvernance de son devenir.