Un homme vient d’être condamné à six mois de prison ferme pour avoir tué un chat. On peut se demander si la sanction eut été la même si la victime avait été un chien ou un lapin apprivoisé, car il y a des lapins que l’on ne mange pas ; tant pis pour les lièvres, les poules et les poissons, surtout s’ils sont goûteux ; et que dire des souris, sinon qu’elles ne déplaisent pas seulement aux chats ? Il s’agit pourtant d’un animal qui n’est pas loin de l’intelligence humaine. La preuve : on les utilise pour des tests, médicaux et autres. On les massacre pourtant à qui mieux mieux. Il est d’ailleurs probable que l’un au moins des magistrats qui ont mis en prison l’assassin de ce chat ait, une fois dans sa vie, tué une souris ayant eu le culot de venir squatter une partie de sa demeure.

La vie est ainsi faite : selon que vous soyez puissant ou misérable… selon que vous soyez un chat ou une souris… selon que vous soyez une vache indienne ou une vache européenne… Il y a fort longtemps, j’ai eu l’honneur de côtoyer la servante d’un riche Américain, membre d’une famille puissante qui fabriquait des avions célèbres. Cet homme possédait un python qui séjournait dans sa salle de bains. La servante en question était chargée chaque jour d’aller acheter une souris pour alimenter ce python chéri, qui, heureusement, n’a jamais tenté de tuer sa restauratrice. En apprenant qu’un homme a été condamné à la prison ferme pour avoir tué un chat, je me suis demandé ce qui aurait bien pu se passer si ma servante avait tué ce python domestique. Je pense quand même que son avocat aurait plaidé la légitime défense… Sait-on jamais !