Le peintre dit : moi je cherche la lumière de l’esprit et je tisse ma toile en pensant au soleil et aux ombres. Je ne connais pas d’autre bonheur que celui des pinceaux jouant de la couleur.
Le sculpteur dit : moi je modèle la terre et en fais des titans de beauté, de force et de sérénité. Je ramasse la vie en un bloc de pierre et chante le mouvement des masses et des volumes. J’ignore les joies qui ne viennent pas du ciseau.
Le musicien dit : la densité de chair et sa douce lumière ne sont rien sans le son. Moi j’écoute le murmure de la douce passion ou je clame dans les vents le hurlement sauvage des grandes épopées.
Le danseur dit : je ne suis pas statue et je sais développer de mon anatomie les arabesques folles du cœur impétueux. Je mime les tristesses et les bouffonneries du théâtre humain. Je suis l’auteur des tragi-comédies qui déplacent les lignes. Connaissez-vous plus bel amour que la danse sacrée ?
Le poète dit : je connais comme toi les joies de la lumière, comme toi je saisis le relief cosmique, comme toi je perçois les sons mélodieux et enfin comme toi je sais le bondissement de la vie. J’en fais des vers qui sont la philosophie. La lumière, la forme, le son et le mouvement se donnent mutuelle assistance pour célébrer la vie.
Ils se congratulèrent et se séparèrent pour retourner à leurs inspirations ; mais, avant de se séparer, ils décrétèrent qu’ils étaient les rois de la terre et que tout le reste n’était que secondaire.
Ce n’est pas moi qui les désapprouverai.
Seule la nature peut le faire.