Le 15 avril 1993, Monsieur José Balarello, sénateur, attirait l’attention du ministre français délégué à la Santé sur le slogan publicitaire « Cette sensation s’appelle coke » utilisé par la marque Coca-Cola. Il lui demandait ce que le gouvernement entendait faire pour tenter d’obtenir que cesse une telle publicité équivoque banalisant le nom d’un stupéfiant aux multiples ravages. Le ministre délégué à la Santé, après avoir déclaré sa sensibilité aux possibles dangers induits par ce slogan et évoqué la loi française relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage des substances vénéneuses, donnait cette absence de réponse suivante : « Le législateur a bien envisagé la possibilité de poursuites en cas de provocation au moyen de l’écrit, de la parole ou de l’image, qui pourrait donc être utilisée dans ce cas. »

Pauvre sénateur qui s’était imaginé que le gouvernement français était susceptible de poursuivre Coca-Cola ! Sans doute ignorait-il que, peu de temps après la deuxième guerre mondiale, un porte-avions américain avait escorté une livraison de Coca-Cola jusqu’au port d’un petit pays qui avait imprudemment annoncé sa détermination à ne plus importer la fameuse boisson.

Toujours en 1993, le groupe américain Timex Corporation prenait la décision de fermer son usine en Écosse qui employait trois cent cinquante personnes, suite à un conflit social. La direction et les syndicats du site écossais n’avaient en effet pas réussi à se mettre d’accord sur un plan de réduction des salaires que la direction estimait nécessaire en raison de la baisse d’activité de sa filiale écossaise. Certaines activités de l’usine Timex de Dundee étaient alors transférées en Franche-Comté. Aucune réaction des gouvernements français et britannique ne fut enregistrée. Une fois de plus, profitant du chômage qui sévissait en Europe, une grande société américaine pratiquait le dumping social au nez et à la barbe de deux États européens qui avaient sans doute d’autres chats à fouetter.