Les cent actes divers du théâtre lépreux
Bâtissent un empire aux ombres de l’ennui.
Les nuits jaunes et bleues ont un goût de néant.
Le soleil a déteint. La blanche lune est morte.
Peu ou prou adoré, Satan n’a plus de preux :
Ce ne sont que débauches là où poussait sa nuit.
Si peu ou prou armé, le béton se veut preux
Et quand se met le verre en chemise de nuit
Il donne à ces hauts murs des regards de géant.
Le soleil est moins pur et la lune est bien morte.
Les fleuves ont les reflets d’une fièvre maligne.
Leurs amoureux frissonnent et d’antiques chalands
Font le dernier voyage des lents et noirs cercueils.
Les cent actes lépreux du théâtre nocturne
Bâtissent un empire aux ombres de l’ennui.
Sous mille faux soleils, boitant dans ses cothurnes,
Un monde jaune et bleu feint de tragiques nuits.
De larges yeux creusés dans l’horrible béton
Dardent des rayons fauves sur cette bacchanale.
Dans le ciel obscurci d’un étrange remords
S’allument des bâtons, des points et des ovales :
Géométrie bizarre, langage ésotérique
Célébrant le veau d’or ; et de blanches spirales,
Mauvais serpents dressés sur la nappe du ciel,
Chantent sur les hauts murs la fin des astres morts.