On constate depuis quelque temps que les hommes ont tendance à se laisser pousser la barbe. Cette nouvelle mode touche à peu près toutes les classes sociales, y compris cette prestigieuse classe des hommes politiques. Une autre mode d’aujourd’hui consiste à pratiquer deux trous sur ses pantalons au niveau des rotules. La mode, il est vrai, est un phénomène qui s’est toujours manifesté depuis que l’humanité existe. Ce phénomène a parfois un sens et une utilité : ainsi, par exemple, la mode consistant à porter une volumineuse perruque était une belle astuce pour lutter contre le froid dans les vastes demeures des nobles et des rois. On peut se demander quelle est l’utilité de trouer ses pantalons et de se laisser pousser ce petit duvet sur les joues et sur le menton.
Pour la barbe, il y a peut-être une explication : ne serait-ce pas le moyen de montrer ainsi qu’on en a ras le bol devant la dégénérescence de nos mœurs, devant la passivité de nos dirigeants qui refusent d’œuvrer à la réorganisation de nos pays, devant le fatras tous azimuts qui se répand dans les moindres recoins de nos sociétés ? Le désordre qui a envahi la plupart des pays dits occidentaux est particulièrement visible en Europe, et notamment en France : nos agriculteurs, nos retraités, nos routiers, nos maires, nos petits commerçants, nos ouvriers, nos artisans ne savent plus à quel saint se vouer ; jamais leur beau pays n’a été aussi sale et aussi encombré. Ils ont beau manifester leur colère et leur inquiétude, rien n’y fait.
Quand on parvient à ce niveau d’impuissance, de mélancolie et de désespoir, un seul mot vous vient à l’esprit : la barbe !